L'effet de l'écoulement autour d'un profil:
Un profil qui a un certain angle d'incidence par rapport au vent relatif
subit des forces de surpression à l'intrados et des forces de dépression
à l'extrados (en général, car c'est l'opposé
en vol dos).
Ces forces se résument globalement en une résultante,
qui elle-même peut se décomposer en portance (Rz qui est perpendiculaire
au vent relatif) et en traînée (Rx qui est parallèle
au vent relatif) (cf Fig.1).
On peut visualiser la répartition et l'intensité des forces
de pression sur la (Fig.2) (vol à portance positive) et sur la (Fig.3)
(portance nulle : les forces de pression et les forces de dépression
s'équilibrent exactement).
Notion de couche limite : Autour d'un profil, l'air en mouvement se
comporte comme s'il était constitué par des lames, infiniment
minces, superposées.
La première de ces lames, en contact avec la paroi de l'aile
reste immobile. Les lames suivantes possèdent des vitesses croissantes
les unes par rapport aux autres jusqu'à une lame, qui, comme celles
qui se superposent ensuite, est animée de la vitesse de l'écoulement
libre.
L'ensemble des lames se déplaçant à des vitesses
différentes de celle de l'écoulement libre forme la couche
limite (Fig.1).
Cette couche limite joue un rôle important car elle conditionne
directement la résistance de frottement de l'aile.
Cette couche peut être laminaire (c'est le cas décrit
ci-dessus : les filets d'air sont parallèles à la surface
de l'aile) ou turbulente (la répartition des vitesses est tout à
fait désordonnée; la définition de la couche limite
reste valable : c'est encore la zone dans laquelle les vitesses des filets
d'air sont différents de la vitesse de l'air en écoulement
libre). (cf Fig.2).
Ce qui se passe pour les planeurs grandeur:
La couche limite commence par être laminaire sur la surface voisine
du bord d'attaque puis devient turbulente à partir d'un point appelé
point de transition; celui-ci n'ayant pas une position fixe, il est en
réalité une zone de transition (cf Fig.2).
Donc, plus la zone de transition est éloignée du bord
d'attaque, plus le profil est laminaire. La laminéarité de
nos modèles est, sans conteste, beaucoup plus faible que sur les
vrais planeurs, c'est pourquoi il est délicat de parler de profils
laminaires à notre échelle.
Après la zone de transition, il y a éventuellement décollement
de la couche limite (cf Fig.3).
Pour les modèles réduits :
Pour les nombres de Reynolds élevés (supérieurs à
10
6), le changement de couche limite sur le profil entre forme
laminaire et turbulente de l'écoulement s'accomplit aux environs
du minimum de pression. Pour les petits Re, la couche limite peut ne pas
devenir turbulente, elle se décolle laminairement de l'extrados
après le minimum de pression. En dessous se forme une zone morte
(cf Fig.3).
L'instabilité est plus grande dans la couche limite décollée
et conduit plus rapidement à la transition qu'une couche limite
adhérente.
La couche limite décollée turbulente s'épaissit
très fortement à l'aval et ne peut plus se recoller sur l'extrados.
Cet écoulement, à couche limite décollée de
l'extrados et à zone morte s'étendant au delà du bord
de fuite est dit "écoulement sous critique". Le profil possède
alors une portance faible et une traînée importante due au
décollement.
Si le nombre de Reynolds s'accroît, le point de transition B
de la couche limite décollée se déplace vers l'avant
et la lisière de la couche limite décollée turbulente
atteint finalement le bord de fuite (cf Fig.4). Il s'ensuit une zone morte
fermée, ce que l'on appelle la "bulle décollée laminaire".
Le nombre de Reynolds correspondant à cet état est qualifié
de Reynolds critique. La traînée du profil est déterminée
par la résistance due au frottement des couches limites laminaires
et turbulentes et est considérablement plus faible que dans le cas
sous critique. La portance est plus élevée.
Si l'on augmente encore le nombre de Reynolds, le point de transition
dans la couche limite décollée se déplace encore vers
l'avant, la "bulle" devient moins longue, en même temps qu'elle diminue
de hauteur, que la couche limite turbulente devient plus fine, la traînée
plus faible : le régime est sur-critique.
Si un profil ne trouve emploi qu'avec des nombres de Reynolds sous-critique,
on peut obtenir un régime sur-critique par l'emploi de corps perturbateurs
(par exemple, un "fil turbulent" sur ou avant le bord d'attaque) En effet,
la traînée additionnelle due au corps perturbateur et au coefficient
de frottement proportionnellement important à la couche limite turbulente
est faible par rapport à la traînée de pression due
à la couche limite décollée.
Si on trouve dans le domaine d'utilisation du profil aussi bien des
nombres de Reynolds "sous" que "sur-critiques", une adaptation soigneuse
aussi bien de la taille que du positionnement du corps perturbateur est
nécessaire. Il faut qu'il soit déterminé de telle
sorte qu'il produise un écoulement sur-critique avec les petits
Re et qu'il produise une traînée additionnelle aussi faible
que possible aux grands Re. Cela peut être obtenu si le corps perturbateur
est disposé dans la zone de la "bulle détachée laminaire".
La position et la taille exactes du perturbateur ne peuvent être
déterminés que par essais.
Comme le nombre de Reynolds critique change également avec l'angle
d'incidence, il faut chercher l'effet d'une telle perturbation dans les
domaines intéressants d'angles d'incidence, c'est-à-dire
il faut chaque fois déterminer un diagramme.
Pourquoi la couche limite se décolle-t-elle?
Sur l'extrados, les particules d'air ont tendance à se décoller
car elles sont aspirées par la dépression situées
au dessus de l'extrados; tant qu'elles ont une énergie suffisante
(une vitesse suffisante), elles restent au voisinage de la paroi, mais
lorsque leur énergie cinétique n'est plus suffisante, elles
sont aspirées et il y a décollement de la couche limite.
Les particules perdent de l'énergie cinétique essentiellement
pour deux raisons:
-
Par frottement entre les filets gazeux résultant de la viscosité
de l'air.
-
à cause des mouvements antagonistes qui viennent de la zone turbulente
et qui créent une pression antagoniste qui tend à freiner
les particules d'air.
C'est pourquoi les solutions retenues pour retarder le décollement
de la couche limite ont en fait pour but de redonner de la vitesse aux
particules par exemple en rendant celle-ci turbulente; les particules d'air
dans les tourbillons n'ont pas une vitesse régulière et parallèle
à la surface de l'aile mais une vitesse tourbillonnaire élevée
ce qui leur donne une énergie suffisante pour ne pas être
décollées.
C'est pourquoi un déclenchement artificiel de la transition
(turbulateurs) peut dans certains cas réduire la traînée
totale et accroître la portance, parfois dans des proportions considérables
par suite du recul du décollement.
On peut remarquer que la couche limite turbulente est beaucoup plus
épaisse que la couche limite laminaire dans des conditions identiques
(cf Fig.5). Par conséquent, l'état de surface est beaucoup
moins important dans le cas d'un écoulement turbulent.
Remarque: vous avez peut-être entendu dire qu'il ne fallait
par arrondir le bord d'attaque de soucoupes ou autres plaques volantes;
le bord d'attaque à angle vifs permet en effet de rendre la couche
limite turbulente et d'éviter ainsi son décollement, améliorant
ainsi considérablement les performances de la soucoupe.
Tout ceci appliqué à nos modèles ou la polémique
des profils "laminaires":
Il y a deux types de profils utilisés en modèle réduit
: les profils conçus spécialement pour le modèle réduit
et pour ses conditions de vol (Eppler, Ritz...) et les profils issus des
planeurs grandeurs (Wortmann, Bertin...). Ces derniers sont conçus
pour voler à de grands nombres de Reynolds et pour y être
laminaire, et ne conviendrait donc pas à l'utilisation en modèle
réduit; pourtant; il semble que ces profils aient un excellent rendement,
que l'écoulement soit laminaire ou non.
Pourtant, certains modélistes ne croient pas aux qualités
de ces profils; certains préjugés sont dus aux modélistes
qui essayèrent des Wortmann trop épais ( d'une épaisseur
relative de 16 à 20 %) sur des planeurs trop lourds (car ils voulaient
conserver une bonne finesse malgré la grande épaisseur des
profils) ce qui était une erreur.
L'écoulement autour d'une aile :
Sur une aile d'envergure infinie, le courant est plan et normal à
l'envergure. A une incidence de sustentation positive, les dépressions
qui s'établissent sur l'extrados et les surpressions d'intrados
sont uniformes sur toute l'envergure.
Par contre, si l'envergure est limitée (c'est bien sûr
le cas de tous nos modèles), un courant secondaire se produit à
chaque extrémité de l'aile et tend à combler les dépressions
d'extrados (cf Fig.10)
De plus, les lignes de courant (les filets d'air) sont déviées
: sur l'extrados, ils sont déviés vers le plan de symétrie
de l'aile et sur l'intrados, vers les extrémités de l'aile
(cf Fig.11).
Au point M du bord de fuite, la vitesse V1 du filet d'extrados
et celle V2 du filet d'intrados sont dans un même plan
passant par le bord de fuite. Mais elles ont dans ce plan des directions
différentes.
L'angle q des vitesses V1 et V2
varie avec la position du point M; il est nul dans le plan de symétrie
de l'aile.
Les pressions ne sont plus uniforme sur toute l'envergure. La sustentation
est maximum dans le plan de symétrie et, en général,
tend graduellement vers 0 aux extrémités de l'aile.
On peut considérer que le phénomène prenant place
au point M crée en chaque point M un tourbillon élémentaire
appelé tourbillon libre.
L'intensité des tourbillons libres n'est pas uniforme sur l'envergure,
elle dépend de q.
Tous ces tourbillons élémentaires tendent à s'enrouler
aux extrémités de l'aile donnant naissance à deux
tourbillons marginaux (cf Fig.12).