Introduction :
Dans les calculs de polaires de vitesse, on suppose que le stab est
toujours neutre (ni porteur ni déporteur) quel que soit le Cz de
l'aile. En réalité, si le centre de gravité
du planeur est fixe, cela n'est pas possible. En effet, si le planeur vole
stab au neutre pour un certain Cz, il faudra le rendre porteur pour diminuer
le Cz de l'aile (piquer pour diminuer le Cz), ou le rendre déporteur
pour augmenter le Cz de l'aile (Fig.1).
Ceci signifie donc que le stab ne peut être neutre que pour un
point de la polaire. Un seul point de la polaire calculée est juste
mais l'erreur sur les autres est faible.
Du point de vue des performances, on a tout intérêt à
avoir un stab neutre pour le Cz de l'aile correspondant à la configuration
de vol que l'on désire (ex : finesse maxi); en effet, toute portance
du stab s'accompagne d'une traînée importante car le stab
est aérodynamiquement moins bon que l'aile (son allongement est
très faible est la traînée induite est considérable).
Pour éviter cela, il faut centrer le modèle de façon
que la résultante des forces aérodynamiques qui s'appliquent
sur lui passe par le centre de gravité pour la valeur de Cz choisie;
elle équilibrera alors seule le poids, sans qu'une portance intervienne
au niveau du stab (Fig.2).
Si la résultante ne passe pas par le centre de gravité,
elle crée avec le poids un couple de forces qui devra être
équilibré par une action porteuse ou déporteuse sur
le stab (Fig.3).
Le centre de poussée :
Définition :
C'est le point d'application de la résultante aérodynamique;
il est situé sur la corde du profil et se déplace en fonction
de l'incidence. Cette variation de position est importante pour des profils
très porteurs et minime pour des profils peu porteurs.
Calcul de la position :
On a vu ci-dessus que, pour ne pas avoir de force porteuse ou déporteuse
sur le stab, le poids et la portance devaient être alignés;
ceci signifie que le centre de poussée et le centre de gravité
doivent être confondus; centrer le planeur revient donc à
répartir les masses pour aligner le centre de gravité sur
le centre de poussée. Il faut donc dans un premier temps déterminer
la position de ce centre de poussée.
On calcul la position du centre de poussée pour un Cz donné
grâce à la formule :
Où :
-
d est la distance du centre de poussée au bord d'attaque
-
e est la corde moyenne de l'aile
-
Cm est le coefficient de moment du profil défini de la même
manière que les coefficients de portance et de traînée.
Cm = , avec
M = moment de toutes les forces aérodynamiques s'exerçant
sur la surface de l'aile.
-
Cz est le coefficient de portance du profil considéré. Cz
varie; il peut être par exemple de 1,2 pour la portance maxi d'un
profil et de 0,8 à la finesse maxi; on voit donc que la position
du centre de poussée dépendra du Cz donc des conditions de
vol (on choisira par exemple de voler à Cz maxi ou à Cz de
finesse maxi; dans les deux cas, la position du centre de poussée,
donc du centrage ne sera pas la même.
Il faut donc connaître la valeur de Cm pour le Cz qui nous
intéresse. Pour certain profils étudiés en soufflerie,
on trouve la courbe donnant Cm en fonction de Cz. Lorsque l'on ne dispose
pas de ces courbes, on peut approximer les résultats en utilisant
la formule déterminée expérimentalement :
Cm = Cmo + 0,25.Cz
Remarque : dans certains ouvrages, on trouve la formule Cm = -Cmo
+ 0,25.Cz, car, en Allemagne par exemple, le Cmo n'a
pas le même signe qu'en France pour le même profil : en effet,
nous verrons plus loin que Cmo est positif pour les
profils usuels, et négatif pour les autostables; en Allemagne, les
signes sont opposés (négatifs pour les profils usuels) ce
qui explique la nécessite du signe moins devant Cmo
dans la formule, car il faut bien entendu trouver le même résultat
pour Cm.
Nous utiliserons donc la formule Cm = Cmo + 0,25.Cz
or
donc
Cmo est la valeur de Cm pour laquelle la portance
est nulle (Cz = 0), Cmo est déterminé
en soufflerie par expérimentation et il est donné pour chaque
profil; on peut retenir que :
-
Plus le profil est porteur, plus le Cmo sera important
et plus le centre de poussée (donc le centre de gravité)
sera arrière.
-
Plus le profil est porteur, plus le centre de poussée bougera facilement,
donc plus le planeur sera instable sur l'axe de tangage.
Cm
o varie peu en fonction de Cz dans la plage "normale"
d'utilisation; par contre, si on se trouve dans des zones de Cz proches
du décrochage ou à l'opposé en portance nulle ou même
négative, les valeurs de Cm
o varient (cf Fig.4).
Cm
o varie peu en fonction du nombre de Reynolds (cf
Fig.4). On le considère donc comme
une constante caractérisant
le profil.
Remarque : la valeur de Cm
o dépend
essentiellement de la courbure de la ligne moyenne du profil (ainsi Cm
o
est nul si la courbure est nulle).
Cmo peut être nul, positif ou négatif.
Cmo = 0
: le centre de poussée est fixe et situé à 25 % de
la corde; c'est le cas des profils biconvexes symétriques aux grands
nombres de Reynolds. Ces profils sont dits indifférents puisque
leur résultante ne se déplace pas.
Cmo
: le centre de poussée est situé à plus de 25 % de
la corde et il se déplace vers l'avant lorsque Cz augmente; c'est
le cas usuel :le profil est instable : en effet, lorsque Cz augmente, c'est
en général parce que l'on augmente l'incidence; on voit alors
que le centre de poussée se déplace vers l'avant, ce qui
fait que la résultante tend à faire encore augmenter l'incidence.
Cmo
: le centre de poussée est situé à moins de 25 % de
la corde et se déplace vers l'arrière si Cz augmente; c'est
le cas des profils autostables.
Donc, si on connaît Cmo, on peut calculer
la position du centre de gravité qui sera la même que celle
du centre de poussée obtenue par la formule. Ce calcul simple donne
une bonne base pour centrer un planeur; dans la pratique, on centre le
planeur plus ou moins avant ou arrière selon l'effet recherché
ou ses goûts personnels; en effet, le centrage influe sur la stabilité
du planeur.
Un planeur centré avant sera stable, mais si on exagère
sur le plomb, il perdra de la manoeuvrabilité et ses performances
s'en ressentiront. A l'inverse, un planeur centré arrière
sera plus maniable et tendra à revenir plus lentement à la
position de vol correspondant au réglage du trim; cela peut être
un avantage en acrobatie mais il ne faut pas exagérer le centrage
arrière car le modèle peut devenir impilotable.
Exemple de calcul : on veut faire voler un planeur muni d'un Eppler
193 à finesse maxi. Nous désirons calculer son centrage.
Le Cz de l'E193 est de 0,7 approximativement et le Cmo est égal
à 0,078. On utilise la formule :
Donc le centrage de l'E193 pour un vol à finesse maxi s'effectuera
à 36 % de la corde. Alors, quel que soit le calage de l'aile sur
le fuselage, le stab sera neutre lorsque l'aile travaillera à Cz
= 0,7.
Attention,
représente le pourcentage de la corde moyenne de l'aile;
si l'aile est rectangulaire, la corde moyenne est la même que la
corde d'emplanture. Si l'aile n'est pas rectangulaire, le centre de poussée
est sur la corde où est situé le centre de gravité
de la surface de l'aile, et ce ne sera plus la corde de l'emplanture.
Pour déterminer cette corde, une méthode simple consiste
à découper une forme en carton (car c'est plus homogène
que le balsa) qui représente l'aile à l'échelle. Puis,
on place cette forme perpendiculairement à l'envergure. La position
pour laquelle l'équilibre est réalisé correspond à
la corde moyenne (cf Fig.5).
Le centrage peut ainsi être réalisé à 36
% de la corde moyenne, ce qui correspond à un pourcentage de la
corde d'emplanture tout à fait différent de 36 %.